J'ai voulu retrouver mon enfance... Je suis allé à Verneuil, c'est là qu'un jour disparut ce monde fermé qu'elle avait créé autour de moi, là que je commençai de sentir comme je sens maintenant.. J'espérais que ces bois ressusciteraient le petit garçon qui jadis y mourut pour devenir un homme... mais non, mon enfance est bien morte, elle gît à mes côtés, je ne la connais plus.

Sont-ce les mêmes bois ? Mon rêve les avait grandi, les avait paré de tout un mystère qu'aujourd'hui je n'y retrouve pas... les lacunes de mon souvenir y mêlaient de la poésie, comme les statues mutilées, elles éveillaient en moi des puissances de rêve... mon bois restauré ne m'émeut plus.

Ce sont pourtant ce mêmes collines, dans un ciel si pur qu'on sent que de l'air vibre encore derrière elles. Je les reconnais comme dans le visage durci d'Alain j'ai reconnu ses yeux clairs... en moi un instant encore les violons de mon enfance se réveillent. Ils chantent, comme ils chantaient à mes seize ans l'émoi renouvelé d'un nouveau printemps. Les violons s'étranglent.

Mon enfance est morte... Je ne la reconnais plus.

Et pourtant...